Ruscino de la protohistoire au Moyen Âge
La plus ancienne occupation humaine à Ruscino remonte au néolithique, mais les plus anciens vestiges retrouvés in situ datent du Bronze final IIIB: ce sont des tombes à incinération, simples fosses où sont déposées, à même la terre, les restes du défunt aprés la crémation.
Le premier habitat sédentaire attesté n’apparaît qu’à la fin du VIIe siécle avant notre ère. Il s’agit d’un regroupement de maisons en roseaux, construites à la manière des cabanes de pêcheurs que l’on peut encore voir sur le littoral.
Dès 575 avant J.-C., les premières importations de céramiques étrusques, grecques, attiques et ioniennes font leur apparition, témoignant du développement du commerce sur la côte. L’extension de la civilisation ibère du sud est de l’Espagne va se faire dès la fin du VIe siècle. La construction en pierres sèches, l’usage du tour de potier, puis des meules à grains rotatives, certaines céramiques, la langue et l’écriture, accompagnent cette civilisation. Ruscino est alors le chef-lieu de la plaine du Roussillon, la capitale des Sordes
La capitale antique du Roussillon
Au IIe siècle avant J. C., la conquête et l’administration par Rome des provinces d’Espagne citérieure et de Gaule transalpine va intensifier les échanges.
La via Domitia, qui relie l’Italie à l’Espagne, passe par Ruscino. Mais il faut attendre le milieu du Ier siècle avant notre ère pour constater les signes de la romanisation, en particulier la modification de la trame urbaine de la cité, l’adoption de l’écriture latine, ou la fabrication locale de céramiques imitées de modèles italiques.
Sous César, Ruscino devient une véritable cité de droit latin (oppidum latinorum) ce qui lui vaudra, au tournant de notre ère, de pouvoir édifier un forum (place publique et bâtiment administratif). Sans doute Auguste accorda-t-il lui-même ce privilège lors de l’un de ses deux voyages dans les Pyrénées.
La cité connaît alors son apogée: demeures de plan italique décorées de peintures murales, thermes, céramique, verrerie …témoignent d’un mode de vie fortement influencé par Rome. Cette période faste se prolongera jusqu’à la fin du premier siècle après J.-C. Pour des raisons qui restent imprécises, la cité est alors abandonnée et démantelée, du moins dans sa partie haute.
Ruscino au Moyen Âge
Bien que les vestiges bâtis n’en aient pas été mis au jour, les lieux sont encore occupés jusqu’au haut Moyen Âge, peut-être sur les bords mêmes du fleuve.. À la fin du VII siècle, la partie haute du site est alors utilisée en zone d’artisanat et d’ensilage comme en témoignent les artéfacts wisigothiques recueillis (plaque-boucles, pots en pierre ollaire.).
De cette phase subsistent les fonds de fosses et de silos à céréales, creusés à travers les niveaux antiques et comblés en dépotoirs domestiques. Ces structures ont livré de la céramique commune locale, de la verrerie, de la tabletterie ainsi que des monnaies en or des derniers temps de la monarchie wisigothique.
Au VIII siècle, Ruscino servira de tête de pont pour la conquête de Narbonne par les Arabes. Cette occupation vient d’être récemment documentée par la découverte inattendue d’une quarantaine de sceaux en plomb portant des inscriptions en caractères coufiques. Ces objets exceptionnels viennent d'être déchiffrés ; ils apportent un regard tout à fait nouveau sur l’expansion musulmane en occident.
À l’époque carolingienne, l’agglomération disparaît définitivement au profit de Perpignan qui est en train de naître. Seul subsistera le hameau actuel de Château-Roussillon, ancien emplacement d’un petit château comtal, résidence des Comtes de Roussillon…